Le vieux qui lisait des romans d’amour

Présentation

Le spectacle

A
El Idilio, village oublié au bord d'un fleuve de la forêt amazonienne, vit comme un reclus Antonio José Bolivar Proano, que tout le monde appelle "Le Vieux".

Q
uand le bateau « Le Sucre » remonte le fleuve, le vieux reçoit la visite de son ami dentiste itinérant. Ce matin-là, l’instant d’amitié qui rassemble les deux hommes est bousculé par un jaguar qui sème la terreur à l’entour depuis quelques semaines…

N
otre spectacle s’appuie sur un texte à l'écriture limpide et au caractère profondément humaniste. Il se veut simplement théâtral et sans fioritures, faisant toute confiance à la puissance du propos et au jeu des acteurs. Luis Sepúlveda y aborde la destruction de la forêt amazonienne et de ses indigènes, l'analphabétisme, l'idiotie des gouvernants, l'opposition nature-culture, sans jamais s'appesantir. Un hymne à la nature... et un appel au secours.

Amazonie sur scène !...

U
n jour, les habitants d'El Idilio découvrent dans une pirogue le cadavre d'un homme blond assassiné. Le maire n'hésite pas à accuser les indiens Shuars de meurtre. Seul Antonio José Bolivar déchiffre, dans l'étrange blessure, la marque d'un félin. Il a longuement vécu avec les Shuars, connaît, respecte la forêt amazonienne. Elle lui a pris ses espoirs et surtout sa femme. «Il voulait se venger de cette région maudite, de cet enfer vert qui lui avait pris son amour et ses rêves. Et dans son impuissance, il découvrit qu'il ne connaissait pas assez la forêt pour pouvoir vraiment la haïr». C'est en vivant avec les Shuars qu'il va en découvrir les secrets.

A
ntonio José Bolivar a aussi découvert sur le tard l'antidote au redoutable venin de la vieillesse : il sait lire et il a une passion pour les romans qui parlent de l'amour, le vrai, « celui qui fait souffrir ». Il trouve donc son refuge dans la lecture: «ces romans qui parlaient d'amour avec des mots si beaux que parfois ils lui faisaient oublier la barbarie des hommes.» Des histoires où l'amour est impossible, où la tristesse règne pour que les étreintes de la fin soient plus fortes…

Antonio est le seul au village à pouvoir arrêter les massacres perpétrés par une femelle jaguar, rendue folle de douleur par la faute d’un gringo ignare qui a tué son mâle et ses petits. En se lançant à la poursuite de ce fauve qu’il répugne fortement à tuer, Antonio José Bolivar nous entraîne dans un univers sauvage et inconnu. Son histoire résonne comme un chant de fraternité envers une nature dont la survie est aujourd'hui menacée.

Antonio Jose Bolivar :

Adapter ce roman au théâtre...

Cet ouvrage au croisement de plusieurs genres, récit d'aventure, polar, éducation sentimentale, satire, discours philosophique et sociologique, incite très naturellement à ce qu’on le porte à la scène.

L’intérêt dramatique…

« Le Vieux qui lisait des romans d'amour » vaut autant pour le talent avec lequel Sepulveda dessine des personnages archétypés forts et dont on se souvient facilement, que pour l'argumentation écologique défendue de manière sous-jacente. L’action avance, favorisant l’attention soutenue du spectateur. Elle n’est pas trépidante mais bien épaulée par la masse d’informations délivrées ici, aussi foisonnante qu’enrichissante.

Le caractère du personnage principal offre également des scènes fortes. On ne se lasse pas d’écouter ce vieil homme. L’émotion est présente à chaque minute, tant l’engagement de l’auteur dans son combat est sincère, sans qu’il n’inflige de leçon de morale. La marque des grands...

Deux personnages... Pour restituer la richesse des dialogues !

N
otre adaptation met en scène deux personnages du livre, le Vieux et son ami le dentiste, tout comme nous nous sommes intéressés dans l’une de nos précédentes créations à George et Lennie, les deux héros du roman de John Steinbeck Des souris et des hommes. Des souris… explorait leur amitié profonde, alternative au rêve de prospérité quand celui-ci fait défaut, alors qu’ici c’est la vie quotidienne du Vieux, personnage central prenant sans le savoir la défense de l’idée écologique, qui est au centre du spectacle. Une tranche de vie, quelque part au bout du monde, dans la forêt amazonienne. Le dentiste quant à lui apporte le point de vue du spectateur qui ne sait pas, qui interroge et découvre. Ce personnage fait parfois preuve de préjugés ou de maladresse sans pour autant véritablement s’opposer au Vieux, car le charisme de ce dernier emporte tout. Le dentiste se sent en phase avec l’humanisme du vieil homme et est converti lui aussi à l’idée d’un monde plus respectueux de toute vie. Il y participe d’ailleurs à sa manière, en soignant les plus démunis.